Nous sommes généralement tous d’accord pour affirmer qu’il n’existe aucune famille parfaite tout particulièrement ici au Québec. Parfois il existe un certain pourcentage de familles dites ajustées, mais pas parfaite bien entendu. Il ne sera pas question de ces familles ici. Nous aborderons plutôt le sujet des familles majoritairement dysfonctionnelles. Mais que veut-on dire en général lorsque l’on qualifie une famille de dysfonctionnelle ? La plupart du temps une famille dysfonctionnelle est composée de parents pouvant expérimenter des troubles d’alcoolisme et de toxicomanie mais pas nécessairement ou tout simplement qui sont absents ou négligents face aux besoins d’éducation et d’encadrement des enfants. C’est dans ce contexte carencé que prend racine la dysfonction. Par définition ce type de famille est construit sur un régime familial conflictuel où les mauvais traitements, les abus ou la négligence sont présents. Il n’est pas obligatoire de vivre de grand drame extrême, comme de violence physique ou de l’inceste pour vivre dans un système familial troublé.
De cette dynamique découle une série de conséquences désagréables pour les enfants. Ceux-ci apprennent, entre autres, à trouver normal et acceptable ce genre d’environnement ou de traitement. Ils en viennent à considérer la négligence et l’abus comme faisant partie de la vie. Mais ce type de réaction de survie ne fait qu’entretenir le système familial malsain et augmente les carences tant affectives que sociales. Les enfants de famille dysfonctionnelle développent l’illusion que leur famille est convenable et en sont tragiquement victimes. Sur le plan comportemental l’enfant pris au piège de ce système apprend très vite à se protéger, à survivre. Par exemple, l’enfant issu d’une famille dysfonctionnelle aura tendance à cacher la consommation problématique d’alcool ou de drogue des parents ou à fuir l’environnement familial ou encore pire il deviendra autosuffisant ou dépendant selon sa personnalité. Bref il est constamment en situation d’urgence, il n’est pas en sécurité et il se protège. Cet hyper vigilance a pour effet de donner l’impression à l’enfant qu’un drame se prépare constamment. Conséquence, l’enfant développe à son insu une anxiété généralisée qu’il n’arrivera plus à maitriser au fil du temps. Et à l’âge adulte cet état se cristallisera dans son expérience et on le reconnaitra comme un enfant-adulte.
Cet environnement malsain apporte bien entendu son lot de problématiques conséquence de l’instabilité familiale et de l’insécurité vécue. Un beau matin la maison est calme, aucun drame à l’horizon puis le soir chicanes, menaces sans parler de la nuit où des inconnus viennent à la maison pour boire et consommer ce qui occasionne un changement de personnalité chez les parents. Puis le matin venu tous les membres de la famille font comme si de rien n’était. On fait semblant et on garde le silence. La loi d’omerta s’installe. L’insécurité et la peur qu’engendre la dysfonction familiale aura un impact sur tous les aspects de la vie des membres de la famille impliqués. Ainsi le rapport à l’argent, la nourriture, les biens matériels et les autres besoins vont être influencés par cet environnement malsain. Pour un enfant en développement cette réalité est dès plus perturbante et peut avoir plusieurs effets néfastes; isolement, perte d’intérêt social, difficulté scolaire en plus de nuire à l’établissement de normes, de valeurs et de limites essentiels au fonctionnement de l’enfant. Son rapport à l’autorité en sera complètement chamboulé. Plus important encore, l’enfant aura de la difficulté à identifier clairement ce qu’il ressent émotivement et sera tenté de fuir tout ce qu’il vit, faute d’outils pour comprendre et de personnes pour l’entendre. Cette fuite émotive peut même le conduire à consommer de l’alcool ou des drogues lui aussi dès le début de son adolescence.
La consommation, quant à elle, fourni une solution de survie pour l’enfant-adulte soit celle de la stabilité et du contrôle illusoire. Il s’assure, d’une certaine manière, d’avoir une soupape énergétique externe qui lui procure soulagement et la sensation de contrôler quelque chose dans sa vie. Cette soupape deviendra très vite le seul mode de gestion des émotions assurant une satisfaction instantanée temporaire et nécessitant peu d’effort.
Outre la consommation abusive, plusieurs autres caractéristiques vont définir une famille dysfonctionnelle. Premièrement, il y a le contrôle. Cette forme de dysfonction se produit lorsqu’un membre de la cellule familiale tente de créer une forme de supériorité en usant de contrainte déraisonnable tant physique que psychologique qu’économique. Par exemple, un mari qui ne laisse pas sa femme sortir sans lui ou encore qui ne permet pas aux enfants de sortir de la maison ou de participer à des activités scolaires. Et pire encore de les punir pendant des mois pour une faute mineure tout en les brusquant par des gestes de domination ou générateurs de peur. Ce contrôle toxique freine le développement émotionnel de l’enfant et l’amène à croire qu’il ne peut pas être autonome. Au stade adulte, ces personnes ont beaucoup de difficulté à prendre des décisions et à avoir une opinion positive d’eux-mêmes. L’infériorité caractérise généralement les individus issus de famille dysfonctionnelle.
Mêlé à tout cela, il y a l’abus tant d’ordre physique, psychologique, sexuel et même économique. Ces formes d’abus sont courantes chez une famille dysfonctionnelle et occasionne confusion, honte et culpabilité et tout ça de manière diffuse et insidieuse. L’enfant, ainsi réprimé, abusé dans ses droits et son évolution, développera souvent à l’âge de jeune adulte une rage intérieure et parfois même une violence contre les autres, la société et contre lui-même.
En terminant cette description de la famille dysfonctionnelle parlons du perfectionnisme. Cette forme extrême d’exigence de la part des parents qui commandent des attentes irréalistes aux enfants laisse des traces profondes chez l’enfant. Par exemple lorsque l’on demande des notes scolaires parfaites, une chambre impeccable, une attitude sans reproche et bien plus encore. Ces formes d’exigence impossibles et inatteignables conduisent l’enfant à croire qu’il ne sera jamais assez car peu importe l’effort qu’il y mettra cela ne sera jamais suffisant. Un enfant dans ce contexte développe généralement un sentiment profond de ne pas être aimable et de ne pas avoir de valeur. Le perfectionnisme engendre des enfants-adultes exigeant pour les autres et pour soi ou encore ils développeront une attitude de rébellion envers toute forme d’autorité. Le mot discipline les rebutera au plus haut point.
Si vous vous êtes reconnus à la lecture de cette présentation sommaire de la famille dysfonctionnelle avec ou sans alcoolisme et bien il y a de l’espoir. Parce que reconnaitre la vérité nous libère en nous offrant la possibilité de nous transformer. Une fraternité en 12 étapes existe, EADA (enfant adulte de famille dysfonctionnelle et alcoolique). À la Villa de la paix nous prônons le rétablissement de l’alcoolisme et de la toxicomanie par la mise en pratique du mode de vie en 12 étapes des Alcooliques Anonymes. Et pour ceux et celles qui se sont identifiés à la problématique de la famille dysfonctionnelle nous vous recommandons EADA. Consultez d’ailleurs leur site Internet au http://www.eada.qc.capour en savoir davantage sur cette fraternité en 12 étapes et les heures de réunion.
Nous vous souhaitons bonne route vers une meilleure vie d’adulte ! C’est possible !
Caroline Morin
Intervenante Villa de la paix
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