Sobriété ou abstinence ?

Dans les fraternités anonymes en 12 étapes il y a souvent mésentente au sujet de l’abstinence et de la sobriété. Nous observons régulièrement certain membres (dépendants) de ces fraternités d’hommes et de femmes affirmer qu’ils sont sobres depuis plusieurs années. Mais à vrai dire ils ne sont qu’abstinents. Alors, qu’est-ce qui distingue l’abstinence de la sobriété ? Et pourquoi tendre vers la sobriété ?

Le principe de privation

L’abstinence se définit généralement comme étant l’action de se priver de certains biens matériels ou de certains plaisirs. Le corps médical, quant à lui, définit l’abstinence comme une privation consentie dans un but thérapeutique. Nous retrouvons donc dans ces deux définitions la notion de privation qui comporte généralement une connotation négative. Se priver sous-entend que nous ressentons un malaise intérieur de vivre malgré l’abstinence. Toutes les fraternités anonymes telles que AA, NA et CA recommandent, comme prérequis à la sobriété, l’arrêt complet, l’abstinence, de la consommation de toutes les substances (alcool, drogues) qui altèrent le comportement. La base de cette recommandation repose essentiellement sur le fait que l’alcoolisme-toxicomanie est une maladie incurable. Et pour cesser la progression de la maladie, le malade (alcoolique-toxicomane-dépendant) doit cesser l’abus de la consommation. Cependant cette abstinence n’est que le point de départ, pourtant essentielle au rétablissement. À la suite de ce renoncement le programme en 12 étapes ou le mode vie propose une série d’actions concrètes permettant au dépendant de recouvrer une vie saine et équilibrée dans tous les domaines, nommément la sobriété.

Les fondements de la sobriété

L’atteinte de cette sobriété demande donc d’aller plus loin dans une démarche de rétablissement durable. En fait le mode de vie en 12 étapes propose une nouvelle manière de penser et de se comporter mieux adapté et plus sain. Ainsi la sobriété demande un changement de personnalité qui favorise le retour au libre choix et à la sérénité. Ce précieux état d’esprit va à l’opposé de ce que vit généralement un dépendant abstinent qui est caractérisé généralement par l’anxiété, la peur et l’angoisse. Ces états intérieurs de tension peuvent motiver le dépendant abstient à se soulager avec un retour à la consommation de substances et potentiellement à l’adoption de comportements de fuite comme par exemple l’accumulation compulsive d’argent, la sexualité débridée ou encore le travail à outrance.

La sobriété va donc plus loin que la seule privation inconfortable qui n’est que statu quo. La personne dépendante sobre développe la capacité à rester en équilibre devant les événements de la vie et les décisions qu’elle prend. De plus celle-ci est en mesure de tempérer ses comportements ce qui prévient les réactions extrêmes, gage de stabilité émotive ce qui atténue les possibilités de rechute.

Il y a une solution vers la sobriété

C’est pourquoi les fraternités anonymes ont développé un programme d’actions complet et efficace qui engendre ce changement profond chez celui qui décide de le mettre en pratique. Ainsi l’abstinence n’est que le premier pas, tout de même essentiel, vers le rétablissement de la maladie de la dépendance et n’est pas une fin en soi. C’est en fait le point de départ vers une nouvelle vie.  Quant à elle la sobriété demande un engagement à des principes de vie nouveaux qui génèrent un réel changement.

Malheureusement nous remarquons que peu de dépendants voudront de plein gré choisir cette route vers la sobriété qui est parsemée d’inconnu et de changement. Et peu de dépendants le désireront réellement. Souvent seule la souffrance d’un retour à la consommation active force le dépendant à ouvrir son esprit à des idées nouvelles. Et aucune idée nouvelle ne peut se greffer à un esprit fermé.

Alors si un dépendant désire réellement s’en sortir de manière continue, le programme en 12 étapes offre un plan d’actions simples qui fonctionne et qui a fait ses preuves auprès de million de personnes dépendantes depuis plus de 80 ans. Mais ce programme demande à la base un désir sincère de vouloir changer sa vie et nécessite de la discipline.

À chacun maintenant de prendre sa vie en main !

Caroline Morin

Intervenante Villa de la paix

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