La recherche de l’équilibre

La question qui ouvre une porte, suis-je dépendant ?

Durant notre vie, il arrivera à certain d’entre nous de se demander, suis-je dépendant de substances ? Comment savoir si ma consommation est problématique ? Ces questions sont légitimes et ouvrent généralement la porte à obtenir des réponses et même des solutions.

Selon le Gros Libre des Alcooliques Anonymes (AA) :

« Nous sommes forcés de reconnaître que la plupart d’entre nous, alcooliques, pour une raison inconnue, avons perdu notre liberté de choix devant l’alcool; notre prétendue volonté n’existe à peu près plus. Parfois, nous sommes incapables de nous rappeler suffisamment les souffrances et l’humiliation subie un mois ou même une semaine plus tôt. Nous sommes sans défense devant le premier verre. […] »

Une recherche désespérée du bonheur… de l’équilibre

Voici le portrait du buveur désespéré tel que décrit dans le Gros Livre des AA mais comment il en arrive là ? La problématique est d’ordre bio-psycho-socio-cognitivo-spirituelle! C’est-à-dire, que celle-ci découle d’une multitude de facteurs et que si nous posions la question à un alcoolique, la réponse serait probablement truffée de justification sans véritable réponse. Ainsi est fait l’être humain dans son ensemble. Il est d’ailleurs notable de dire que la race humaine tente depuis des millénaires de trouver son bonheur voire son équilibre dans les aspects extérieurs de sa vie. Elle oublie pourtant la mine d’or qui l’habite.

Les troubles de la consommation

La réalité de la dépendance aux substances débute par l’abus qui altère le fonctionnement chimique du cerveau. Et généralement le dépendant cherche par ce moyen à soulager une souffrance, un traumatisme affectif vécu. Cette substance choisie (alcool, drogue, médicaments, etc.) est une solution extérieure qui trouble le centre du plaisir du cerveau humain appelé noyau accumbens. C’est en fait le système de récompense du cerveau. Et l’abus de substances engendre un déséquilibre psychique et renforce la croyance psychologique illusoire que les substances sont le remède miracle à son malaise de vivre. Malheureusement la consommation compulsive est relative et comporte deux facettes; soit le volet agréable et le volet désagréable.

 Une recherche d’équilibre, vraiment !

Prenons l’alcool par exemple. L’alcool est un produit légal qui se consomme principalement lors d’événements sociaux conviviaux pour tout buveur normal. Cependant, pour le buveur excessif voire désespéré celui-ci en consomme pour atténuer certaines situations de la vie qu’il qualifie de désagréable. Il cherche l’équilibre si l’on peut dire, entre la souffrance et le bien-être ! Pourtant cette solution devient son problème car généralement il crée, par sa consommation, d’autres problèmes dans sa vie affective, familiale, financière et devient en total déséquilibre.  L’équilibre par définition signifie un « État de repos, position stable d’un système obtenu par l’égalité de deux forces, de deux poids qui s’opposent ».Pour tenter de trouver refuge à une réalité que le dépendant trouve douloureuse, il crée lui-même ses propres problèmes. C’est en réalité un cercle vicieux qui génère plus de souffrance que la douleur du départ qu’il cherche à fuir. Quel paradoxe !

La dépendance, une progression 

Revenons à la question de départ, comment confirmer que la consommation est problématique ? Premièrement, il faut savoir que plusieurs facteurs peuvent nous y conduire, tels que le milieu familiale, l’environnement, l’éducation, la façon de percevoir la vie, etc. Mais la consommation débute nécessairement en étant récréative. Cette phase précédant l’addiction à la substance répond à un besoin significatif chez l’adolescent en particulier soit le besoin d’appartenance. Celui-ci se présente durant le développement de la personnalité et l’accroissement de la nécessité des « pairs » et du cercle social chez l’adolescent et le jeune adulte (14-20 ans).  Mais parler d’adolescence, c’est aussi parler de la peur du rejet, du jugement des autres.  Ces peurs vont peur vont d’ailleurs influencer les premières expériences de consommation de substances. Nous allons consommer pour faire comme les autres, pour faire partie de la gang, pour se sentir plus à l’aise en public ou en relation interpersonnelle. Principalement, la consommation va possiblement devenir problématique quand l’adolescent va entrevoir l’utilisation de la substance comme une soupape à l’évacuation du stress, de l’anxiété, de la peur qu’il ressent par exemple. Quand la consommation devient une béquille de survie pour se libérer de sentiments ou de sensations désagréables perçus que la personne ne veut pas accepter nous obtenons le terreau de l’apparition de la dépendance.

La dépendance un soulagement temporaire, un problème récurrent

Lors de la prise de substance la personne ressent un soulagement. Et pour maintenir celui-ci le dépendant devra augmenter la dose et la fréquence de son utilisation. C’est immuable ! Ainsi, la consommation va prendre de plus en plus de place dans la vie de cette personne et en résulte une perte d’autonomie et de choix L’équilibre ainsi perdu entre plaisir et souffrance, influence le schéma cognitif et installe la roue de l’éternel recommencement, car le soulagement, une fois l’effet estomper, laisse place au retour à l’émotion ou à la sensation non désirée du départ. Le dépendant tourne en rond.

En somme, la maladie de la dépendance s’installe lorsque l’individu perd toute liberté de choisir devant celle-ci. Le sentiment d’impuissance et le sentiment de culpabilité engendre l’éloignement des autres et l’isolement affectif. Le dépendant est seul au monde et ceci marque le début de la fin. Et pour se rétablir le dépendant devra trouver son équilibre affectif, émotif et relationnel car ce sont les premières composantes qu’il a perdu aux mains de la substance.

Caroline Morin

Intervenante Villa de la paix

 

 

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